L’Œdicnème criard : Etudes

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ETUDES :

Programme de baguage des Œdicnèmes criards et pose d’émetteurs GPS dans un but scientifique

Suivi des populations d’Œdicnèmes criards du Val de basse Seine

Protocole de l’étude et obtention d’un arrêté préfectoral portant dérogation à l’interdiction de capturer, perturber intentionnellement une espèce protégée

A1 – Présentation de la structure porteuse du projet :

Coordonnées :
A.S.E.E.  – Association de Sauvegarde de l’Environnement d’Epône (A.S.E.E.)
44 route de Velannes
78680 Epône
Courriel : contact@epone-environnement.org

 A2 –  Action générale dans laquelle s’inscrit l’opération

Le site Natura 2000 des Boucles de Moisson, Guernes et forêt de Rosny

Le site Natura 2000, Zone de Protection Spéciale, des boucles de Moisson, de Guernes et de la forêt de Rosny constitue une véritable mosaïque d’habitats naturels résultant d’une complexe interaction entre l’utilisation de l’espace par l’homme et les conditions climatiques et pédologiques du milieu…

Les terres agricoles et les milieux pionniers issus de l’exploitation des carrières, qui composent en partie ce site, sont le territoire de l’Œdicnème criard qui trouve dans les boucles les conditions propices à sa reproduction. Lors de la rédaction du DOCOB en 2010, cette partie de la vallée de la Seine constituait le premier bastion de l’espèce en Île-de-France (16% des effectifs régionaux) mais représente aussi des densités remarquables au niveau national.

L’Œdicnème criard se reproduisait essentiellement dans les boucles de Guernes et de Moisson qui offrent ces habitats.

Afin de favoriser son habitat, dans la boucle de Guernes, un grand nombre de parcelles agricoles sont engagées en Mesures Agroenvironnementales et Écologiques (MAEC) depuis ces dernières années.

Malgré les mesures de conservation mises en œuvre, on observe néanmoins une baisse globale des effectifs au cours de ces dernières années. C’est précisément dans ce contexte que s’inscrit ce projet d’étude qui permettrait de renforcer l’évaluation à l’échelle nationale.

MAEC

En accord avec les mesures de gestion définies dans le DOCOB, des contrats Natura 2000, à travers les mesures Agro-environnementales et climatiques, sont proposés aux agriculteurs. Ces contrats permettent de préserver ou de restaurer le patrimoine naturel des parcelles incluses dans le site Natura 2000.

Le bilan des MAEC sur la ZPS des Boucles de Moisson, Guernes et forêt de Rosny progresse depuis 2015, et même depuis 2010.  À ce jour, 10 agriculteurs sur les 20 identifiés dans le DOCOB se sont engagés sur une partie de leurs parcelles qui représente plus de 30% des surfaces de la SAU du territoire en PAEC.

La mise en œuvre de MAEC a pour objectif de contribuer au développement et au maintien de milieux naturels favorables aux espèces cible à savoir, entre autres, l’Œdicnème criard pour cette ZPS. La sensibilisation et la mobilisation des agriculteurs au travers de ces mesures est la clé du succès pour une bonne conservation de la biodiversité. Ce programme de capture et de marquage pourrait notamment être un nouveau levier pour sensibiliser les acteurs du territoire et adapter au mieux ces mesures aux besoins de l’espèce.

Stratégies de conservation

Dans le cadre des nombreuses activités d’extraction de matériaux de carrière, l’Association participe aux différentes études d’impacts, dossiers de demande de dérogation de destruction d’espèces protégées et mise en œuvre des séquences E.R.C.    

B –        Objectifs

En Val de Basse Seine, Les Oedicnèmes criards nichent, essentiellement :

  • dans les milieux de carrières (Granulats ou calcaire cimentier),
  • dans des friches industrielles
  • dans des milieux agricoles, cultures de printemps (labour, maïs, tournesol…) ou friches agricoles (MAEC, PAC).

Une partie des anciennes carrières sont devenues des Réserves Naturelles Régionales et la majorité des couples les mieux suivis sont en site Natura 2000.

Les milieux de carrière sont en perpétuel remaniement et le suivi de la reproduction est réalisé depuis plus de 30 ans en parfaite collaboration avec les exploitants, dans le cadre de la séquence E.R.C.

 
Il en est de même pour le suivi sur d’anciennes exploitations ou sur les friches industrielles où nous pouvons accéder avec l’accord des exploitants ou des propriétaires.
RNR de Limay
Carrière de Calcia – Guitrancourt
Carrière Lafarge – Guerville/Mézières sur Seine
Suez – Flins sur Seine

Tous les milieux prospectés sont accessibles en véhicule, ce qui pour nous représente le meilleur poste d’observation, le moins perturbant possible permettant des observations de longue durée.

Il est alors possible de suivre le comportement des oiseaux et de repérer les nids et les poussins. Lorsque c’est nécessaire, un balisage est réalisé à distance du nid, des photos sont prises et transmises à l’exploitant avec une carte et les coordonnées GPS afin que les conducteurs d’engin évitent la zone occupée.

En milieux agricoles, nous nous adaptons aux situations qui sont très variables. Presque tous les cultivateurs en zone Natura 2000 sont connus.

Ce suivi, depuis de nombreuses années, de tout un territoire de reproduction de l’Oedicnème, nous a permis d’échafauder de nombreuses hypothèses sur l’évolution de la population des Oedicnèmes, mais il nous reste à améliorer nos connaissances sur la dynamique spatiale de cette population d’Oedicnèmes, afin de connaitre précisément les mouvements des individus et leurs phénologies : suivi de leurs activités nocturnes, déplacement des juvéniles, provenance des regroupements postnuptiaux, taux de retour des hivernants, fidélité au site de nidification, etc …

Pour ce faire, il est nécessaire de procéder au marquage individuel d’un maximum d’oiseaux.

De façon plus détaillée qu’elles sont les objectifs de l’étude :

1 – Objectifs dépendant des informations de capture et recapture :

Note : L’utilisation de bague Darvik individualisées permet de nombreux contrôles durablement sans nécessité de recapture des individus.

La pose d’un émetteur GPS permet un suivi spatial très précis pendant plusieurs saisons.

  1. Suivi de la dynamique spatiale et de la démographie de la population nicheuse à long terme :
    • Etude quantitative et qualitative des adultes de la population et de leurs dynamiques : survie, fidélité au site et /ou dispersion pour la reproduction, fidélité du couple d’une année à l’autre, ou pendant la même saison de reproduction, renouvellement et origine des nouveaux adultes.
  2. Phénologie de la reproduction :
    • Variabilité des dates d’arrivée et des dates de pontes, liens avec des évènements météorologiques, liens avec les types d’habitat, liens avec l’ancienneté de la présence du couple sur le territoire occupé.
    • Etude des comportements pendant les différents stades de nidification pour faciliter la protection.
    • Etudes des émissions vocales et recherche de critères d’identification personnalisée.
  3. Evaluer les paramètres discriminant pour la nidification de l’espèce (types d’habitats attractifs ou gestions favorables, domaines vitaux nécessaires, ressources disponibles, densité en couple, gestion, dérangements, prédation…) pour construire des mesures de gestion adaptées.Comparaison des succès reproducteurs en fonction des types d’habitats sélectionnés (Carrières, agriculture).
  4. Les rassemblements postnuptiaux :
    • Origine des oiseaux, fidélité dans le temps, existence et évolution de micro-populations dans les rassemblements, destination des individus lors des départs nocturnes.
  5. Connaitre les voies de migration et les zones d’hivernage de cette population :
    • Favoriser la conservation de la population sur les sites utilisés hors reproduction en identifiant les sites de haltes migratoires et d’hivernage des individus marqués ;
    • Evaluer l’influence potentielle des prélèvements cynégétiques hors des zones de reproduction sur la viabilité de la population ;
    • En utilisant les données de balises pour connaitre les périodes et sites de haltes migratoires et d’hivernage 
    • Pour évaluer la sensibilité de la population nicheuse vis-à-vis du potentiel dérangement cynégétique.
  6. Évaluer les liens et échanges entre les populations nicheuses du Val-de-basse-Seine et d’autres sites. Il s’agit de permettre d’établir une stratégie de conservation à une plus large échelle spatiale dans le cadre du Plan National de protection sur l’espèce.
    • Connexions entre les populations d’Ile de France, de Normandie et de Picardie, potentiellement avec d’autres populations nicheuses (voir non connues/non suivies).
    • Dispersion des couples à la suite de la disparition de leur territoire.
  7. Réaction des individus à la transformation des milieux : 

Les milieux des carrières sont extrêmement évolutifs, en particulier par l’action de l’homme, mais également par une dynamique naturelle, à la fin de l’activité et après les aménagements règlementaires. Plusieurs questions se posent lors de la transformation de ces milieux :

  • Lorsqu’il y a disparition d’un territoire occupé depuis des années par un ou plusieurs couples d’Œdicnèmes que deviennent ces oiseaux ? Cherchent-ils un territoire de même nature à proximité de l’ancien ? Passent-ils d’un milieu pionnier à un milieu agricole ?
  • Quittent-ils la région ? Et dans ce cas, pour aller où ? Rejoignent-ils d’autres oiseaux à proximité ou cherchent-ils de nouveaux territoires ?

2 – Objectifs dépendant des informations de capture seules : Données sanitaires et biométriques

  1. Conditions corporelles des individus durant la reproduction :
    • Masse des individus à l’aide d’un peson ressort ;
    • État de santé par constat visuel (aspect des muqueuses, état du plumage).
  2. Biométrie pour sexage des individus :
    • Longueur du bec (en mm)
    • Longueur du tarse (en mm)
    • Longueur de l’aile pliée (en mm)
    • Masse (en g)
    • Lorsque cela se justifie, des prises de sang pourront être effectuées (aiguilles + micro-capillaires, afin de sexer les individus ou dans le cadre de projets de recherche sur la diversité génétique) par les personnes ayant été formées (par un détenteur ExpéFS).
    • La pose de balises GPS peut être réalisée par les personnes détentrices des autorisations du CBRPO dans le cadre de programmes personnels validés.

Tout individu bagué sera photographié avec bagues visibles avant relâché.

3 – Objectifs connexes ne nécessitant pas la capture :

  • Caractérisation des habitats utilisés en période de reproduction (à l’échelle du parcellaire, et de l’emplacement du nid)
  • Suivi et protection des nichées (chaque année depuis 1984)
  • Orientation d’un plan d’action (mesures de gestion adaptées, priorisation spatiale, MAE spécifiques) à long terme pour la conservation de la population nicheuse.

Différentes méthodes de marquage peuvent être employées :

  • La pose de bagues colorées : les oiseaux sont capturés et bagués avec des bagues couleurs dont le code est individualisé. Les poussins sont bagués entre 20 et 30 jours après éclosion. L’identification des bagues peut toutefois être difficile en été et sur les sites de rassemblement (végétation haute) ;
  • La pose d’un système de localisation spatiale :
  • Emetteur VHF pour du suivi télémétrique
  • Emetteur GPS

Ces méthodes nécessitent la capture des adultes en période de reproduction.

Choix de la méthode :

Bagues couleur :

La bague couleur permet l’identification individuelle des oiseaux. Elle est couplée à une bague métal, identifiant unique, habituellement posée pour le marquage des oiseaux.

Lisible à distance par tout observateur équipé du matériel adéquat (jumelles, longue-vue, appareil photo…) ou par piège photo, elle permet de suivre localement certains individus. Ses limites sont néanmoins la pression d’observation et l’observabilité des oiseaux.

Les bagues couleurs ne sont pas toujours visibles lorsque l’oiseau est dans une végétation élevée. De plus, certaines combinaisons de couleur peuvent prêter à confusion.

Système VHF :

L’oiseau est équipé d’un émetteur VHF, et suivi à l’aide d’une antenne de réception. Elle permet de retrouver l’oiseau à moyenne distance, y compris lorsqu’il se trouve hors des sites suivis habituellement, ou masqué par la végétation. Couplé aux bagues couleur, il permet de renforcer le suivi individuel des oiseaux, en particulier en augmentant les possibilités de retrouver les individus.

Son avantage est le coût modéré du matériel par rapport au système GPS.

Son inconvénient est sa limitation dans le temps de son utilisation (quelques jours à quelques mois), le temps humain à consacrer pour son utilisation, la limite des informations fournies pour analyser un comportement dynamique.

Cependant, pour une première année d’étude, ce système peut déjà répondre à quelques questions pour un moindre coût.

Système GPS :

Permet le suivi dans le temps et l’espace des individus, sans nécessiter outre mesure une pression d’observation supplémentaire.

Il présente principalement des avantages.

Ses limites sont néanmoins le coût du dispositif et la durée de vie du matériel utilisé. Les émetteurs à capteur solaire aujourd’hui disponibles permettent néanmoins d’allonger ce dernier paramètre.

Sur ces bases nous avons demandé et obtenu une dérogation “espèces protégées” qui nous autorise :

  • A pouvoir marquer individuellement un certain nombre d’adultes et de poussins par des marques colorées.
  • A pouvoir équiper d’un système de suivi par satellite ou VHF un certain nombre d’adultes ou de poussins âgés d’au moins 20 à 30 jours.
  • A pouvoir mesurer les œufs et les poussins, manipulation indispensable à l’estimation de leur date d’éclosion (poussins nidifuges) et faisant parti du programme d’étude nationale.
  • A pouvoir poser à proximité des nids des caméras vidéo pour analyser le comportement des oiseaux au nid de jour et contrôler si la présence des oiseaux au nid est perturbée par les activités humaines.
  • A pouvoir poser à proximité des nids des pièges photos ou vidéo pour analyser le comportement des oiseaux au nid la nuit.
  • A pouvoir utiliser des enregistrements sonores pour appliquer la méthode de « la repasse ».

C1 –      Résultats attendus

Sur l’ensemble du Val de Basse Seine, environ 60 à 65 couples d’Œdicnèmes criards se reproduisent et sont répertoriés tous les ans.

Tous ne sont pas suivis avec la même assiduité. Seuls 40 territoires occupés sont sous haute surveillance depuis des années, dont 30 situés en zone Natura 2000 et environ 10 sur des RNR.

Les milieux de carrières sont les principaux lieux de reproduction. Ils sont en perpétuelles transformations : Extension d’exploitation, zones de compensation, aménagements coordonnés, fin d’exploitation et de remise en état, fermeture des milieux dans certains secteurs, modification de projets d’aménagement pour s’adapter à « l’accueil des terres du grand Paris ».

Lorsqu’il y a disparition d’un territoire occupé depuis des années par un ou plusieurs couples d’Œdicnèmes  que deviennent ces oiseaux ?

Cherchent-ils un territoire de même nature à proximité de l’ancien ?

Passent-ils d’un milieu pionnier à un milieu agricole ?

Quittent-ils la région ? Mais pour aller où ?

Rejoignent-ils d’autres oiseaux à proximité ou cherchent-ils de nouveaux territoires ?

Autant de questions qui ne peuvent trouver une réponse que si les oiseaux sont marqués. Ces questions sont également détaillées dans la partie « Sur le plan scientifique ; 2-1-h. »

Actuellement, la plupart des études concernent les Œdicnèmes en milieu agricole, seul le plan de sauvegarde de l’espèce mis en place à l’Est de Lyon (départements du Rhône et de l’Isère), aborde le problème des friches industrielles.
En milieu de carrières, la disparition des milieux pionniers amènent trop souvent à prendre des mesures compensatoires inadaptées.

C’est donc au niveau de ces territoires de reproduction que l’effort doit porter.

C’est donc un potentiel de 20 couples qui pourraient faire l’objet de la présente demande de suivi par marquage visuel.

Le nombre de ponte étant variable suivant les milieux occupés, nous estimons le nombre d’œufs ou de poussins susceptibles d’être manipulés aux alentours de 50 par an.

Les facteurs limitants seront les moyens humains et le facteur temps (Durée) lié au facteur temps (Météo).

Pour cette raison, nous pensons que la première année, le marquage par un système de géolocalisation de 10 individus serait suffisant.

L’objectif final est de compléter notre connaissance sur la biologie de l’espèce, sur ses déplacements diurne et nocturne, sur ses territoires de recherche alimentaire, de comprendre les relations de communications et d’échanges entre les différents secteurs de voisinage immédiat.

Cette meilleure connaissance doit nous permettre d’adapter et d’améliorer la sauvegarde de cette espèce.

C2 –      Portée locale, régionale, nationale

Etant donné le statut de conservation particulièrement défavorable de cette espèce au niveau national, étant donné la part importante de la population Val de Basse Seine et la nécessité de protéger les secteurs de reproduction, étant donné la pression de l’urbanisation entrainant la disparition des friches industrielles ( 25 couples sur les 60 vont disparaitre d’ici 3 ans), étant donné l’augmentation des dérangements liés à la présence humaine dans les moindres espaces, l’action entreprise est de portée locale, régionale et nationale forte.

Destination des données collectées :

Sur le plan national, toutes les données d’oiseaux bagués et contrôlés sont transmises au responsable du programme national, Steve AUGIRON (CEBC-CNRS), puis adressées dans un fichier synthèse unique au CRBPO.

Sur le plan local, l’analyse des données sera faite par le porteur de projet. Les analyses, synthèses et données géoréférencées actuelles sont déjà transmises tous les ans aux animateurs Natura 2000 et aux responsables des sites de carrières et publiées lors des Copil et Commissions de suivi de l’environnement.
Les données actuelles contribuent déjà à sélectionner les parcelles éligibles à des MAEC et à adapter les séquences ERC dans les projets d’aménagement des carrières, mais il ne s’agit que de données statiques.

Les données collectées sur les oiseaux capturés et marqués puis suivis après leur relâcher vont nous permettre d’ajouter la dimension spatiale et dynamique qui nous manque actuellement.

Ces données pourront également être communiquées à des tiers, en particulier dans le cas de l’élaboration d’un programme plus large de connaissance de l’œdicnème (échelle régionale)


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